LES HIPPOCAMPES
par Véronique Sunatori
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L’hippocampe, ou cheval de mer, appartient à la famille de Syngnathidés.
Cette famille regroupe dans les mers européenne deux groupes très
caractéristiques par leur forme : les syngnathes et les hippocampes.
Les premiers sont de forme allongée, avec une tête dans le
prolongement du corps et les deuxièmes possèdent une tête
fléchie sur le tronc ressemblant à une tête de cheval.
Leur nom, Hippocampus en latin, veut d’ailleurs dire "cheval courbé".
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Le genre Hippocampus est exclusivement marin et compte environ 35 espèces
dans le monde. Deux espèces d’hippocampes fréquentent les
eaux européennes : H. hippocampus et H. ramulosus. Ces deux espèces
sont présentent dans tout le bassin méditerranéen,
la Mer Noire et dans l’Atlantique sur la côte espagnole, marocaine
et une partie des côtes française.
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Les hippocampes, comme les syngnathes, possèdent un corps cuirassé
par une série d’anneaux osseux. Ils possédent également
en commun l'absence de nageoire ventrale et, souvent, de la nageoire caudale.
Ces caractéristiques sont des adaptions précises à
leur mode de vie, elles n’ont rien de primitif. D’ailleurs, les premiers
fossiles d’hippocampes sont connus de la fin de l’Eocène, soit il
y a environ 40 millions d’années, ce qui est très récent
à l’échelle des temps géologiques.
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L’hippocampe est typiquement un poisson de la zone littorale fréquentant
les fonds d’algues ou les herbiers de phanérogames comme la posidonie
ou la cymodocée. Mais il arrive parfois de rencontrer un hippocampe
dans un fond coralligène, au milieu des gorgones. Ils vivent le
plus souvent verticales, attachés par leur queue préhensile
à une algue ou une feuille de posidonie.
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L’hippocampe est propulsé en avant grâce à sa nageoire
dorsale qu’il agite rapidement; ses nageoires pectorales, situées
très haut, près de la tête, ne lui servent qu’à
maintenir sa position verticale lors de sa progression. Il a donc un comportement
très calme, presque indolent. Mais si un poisson ne possède
pas des capacités de fuite rapide face à un éventuel
prédateur, il doit recourir à d’autres techniques pour leur
échapper. La présence d’excroissances ou de filaments cutanés
chez les poissons est généralement une technique très
prisée pour se camoufler en prenant l’aspect, parfois la couleur,
du milieu dans lequel le poisson vit. Certains hippocampes arborent de
nombreux filaments cutanés pour parfaire leur camouflage dans les
fonds d’algues où ils vivent. Le champion toute catégorie
est sans conteste l’hippocampe des sargasses, Phyllopterys eques, qui possèdent
de très longues excroissances cutanées semblables à
des morceaux d’algues qui le rendent presque invisible. L’hippocampe complète
sa panoplie défensive avec les plaques rigides, mais articulées,
qui entourent son corps. Toutefois, face à un prédateur,
l’hippocampe devra plus compter sur son camouflage et son immobilité
que sur sa cuirasse pour le protéger.
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Cette immobilité et son camouflage lui permettent également
d’approcher, ou plutôt de laisser approcher, sans être vu,
les proies dont il se nourrit, essentiellement de petits crustacés,
en utilisant sa bouche comme un puissant aspirateur, ou plutôt, compte
tenu de sa forme tubulaire, comme une paille. Il les repère visuellement,
grâce à des yeux bien développés et mobiles
indépendamment l’un de l’autre.
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Au moment de la reproduction, le mâle emet de petits grognements,
destinés à attirer les femelles, puis a lieu un accouplement
au cours d’une véritable danse nuptiale où les deux individus
sont enlacés par leur queue préhensile. Contrairement à
ce que vous pensez, c’est la femelle qui pond ses ovules dans une poche
spéciale du mâle, formée par des replis de la peau.
La poche de l’hippocampe mâle s’ouvre juste en arrière de
l’anus, donc sur la queue du poisson et non sur son ventre. Pour déposer
ses 100 à 200 ovules dans la poche du mâle qui les féconde
au passage. L’incubation peut durer d’une dizaine de jours à quelques
mois. Les mâles porteurs d’oeufs sont rencontrés le plus souvent
entre les mois d’avril et d’octobre. Les jeunes hippocampes éclosent
à l’intérieur de la poche et ressemblent déjà
à l’adulte avant de sortir. Une centaine de jeunes, mesurant 15
à 16 mm de long seulement, seront expulsés par petits groupes
de la poche par les contractions du mâle.
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Dans la mythologie grecque, les hippocampes sont des monstres marins, mi-homme,
mi-cheval, et dans les temps anciens, les pêcheurs pensaient que
les hippocampes qu’ils trouvaient en mer étaient les enfants des
fameux chevaux tirant le char de Poseïdon, le dieu grec de la Mer.
Dans de vieux écrits grecs et romains, des propriétés
curatives sont attribuées aux hippocampes. De même, les hippocampes
figurent en bonne place dans les médecines traditionnelles asiatiques
et, encore aujourd’hui, ils sont utilisés pour traiter un grand
nombre de maux : asthme, impotence, stérilité, léthargie,
fatigue, calvitie, maladies de peau et même la rage.
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Compte tenu de leur importance considérable dans les pharmacopées
asiatiques, les hippocampes sont très recherchés : plus de
20 millions de poissons sont vendus dans le monde par an. Et il ne faut
pas oublier les 500 000 à 1 million de poissons vendus pour les
aquariums privés ou publics. A Hong Kong, certains individus peuvent
se vendre jusqu’à 1200 dollars le kilo. Certes, nos deux espèces
européennes n’ont pas à craindre de finir en poudre à
Pékin, Tokyo ou Hong Kong, mais elles sont elles aussi exploitées
: poissons séchés et vendus comme souvenirs aux touristes,
animaux d’aquarium, etc.
FICHE SIGNALETIQUE
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Ethymologie : du grec hippos = cheval et de kampé = courbure.
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Famille : les syngnathidés.
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Taille : de 2.5 cm pour l'hippocampe nain à 35 cm pour le géant.
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Poids : de 40 à 60g.
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Habitat : dans les mers chaudes et tempérées selon les espèces,
près des côtes, en eaux peu profondes, proche des algues,
herbiers, coraux, éponges.
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Nourriture : s'alimente en permanence de plancton, larves, petits poissons
et petits crustacés, notamment crevettes, qu'il happe s'ils passent
relativement près de lui (3 cm).
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Couleurs : variées, du blanc au noir, en passant par le jaune et
le orange.
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Durée de vie : de 2 à 4 ans.
MORPHOLOGIE
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Son corps est constitué d'un squelette où s'accroche une
cuirasse externe constituée de plaques osseuses rectangulaires avec
un ensemble d'épines, qui lui offre une ressemblance avec les algues
qui l'entourent.
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Sa queue recourbée est aussi longue que son corps et lui sert à
s'accrocher, se tenir et peut servir de balancier. Possibilité de
l'enrouler en colimaçon.
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Positionnée à 90° par rapport à son corps, sa
tête recourbée porte un long museau tubulaire s'ouvrant au
bout par un minuscule clapet qui lui sert à aspirer sa nourriture.
Longueur et diamètre du museau variable selon les espèces.
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Pour avancer, il agite sa nageoire dorsale au rythme de 3 mouvements par
seconde, ce qui en fait un animal très lent. Ses 2 nageoires branchiales
lui servent à se diriger, et l'anale à s'équilibrer.
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Les couleurs varient en fonction de l'état, de l'âge; l'hippocampe
peut la changer en fonction de son environnement, des ses prédateurs,
de ses proies. Pendant la parade amoureuse, il s'éclaircit.
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En ce qui concerne ses sens, il a une vision très développée
et à des yeux pivotants comme le caméléon, une ouïe
et un odorat très bons. Il émet des sons pour communiquer,
imperceptibles à l'oreille.
HIPPO EN DANGER
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L'hippocampe est un poisson en voie d'extinction, il est donc interdit
de le pêcher, contentez-vous de le regarder évoluer dans son
habitat naturel.
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Plus de 20 millions sont enlevés chaque années à leur
milieu naturel et l'on recence de moins en moins d'espèces.
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L'hippocampe est aussi très apprécié et est chassé
pour ses vertues thérapeutiques et aphrodisiaques notamment par
les chinois pour qui, il peut guérir beaucoup de maux, de l'asthme
à l'impuissance. On le retrouvé séché pour
porter bonheur, pour servir d'objet décoratif.